Restauration du lavoir

du quartier de Sanissard

La genèse

Tout est parti d’une aquarelle… D’une belle aquarelle !







Cette dernière, réalisée par une habitante de Vourey - Madame Andrée Tuaillon - en 1976 représentait le lavoir, du chemin de Suzet, dans le quartier de Sanissard. 

Le lavoir... Un lieu de besogne et de rencontre !

Le lavoir était le lieu où les femmes, dénommées « lavandières » pour l'occasion, venaient laver le linge de famille. 

La grande lessive se faisait de deux à quatre fois par an et tout particulièrement au printemps et à l'automne. C'était un évènement important de la vie communautaire, un acte social qui rassemblait les femmes et donnait lieu à une vraie fête avec repas, chants et danses qui faisaient oublier la fatigue.





Les premières opérations se pratiquaient dans les foyers. Le linge était trié : d'un côté le linge blanc, et de l'autre les lainages et le linge fin. Le blanc était lui-même trié en fonction de son degré de saleté et de sa finesse : cela déterminait sa place dans le cuvier.

Le cuvier était en bois cerclé de fer, pouvant atteindre jusqu'à 1,20 m de diamètre et contenir jusqu'à 400 litres d'eau. Il était posé sur un trépied.  

Le linge était empilé dans le cuvier. On posait par-dessus une grosse toile de chanvre, sur laquelle était étalée une couche de 5 à 10 centimètres de cendre de bois, mélangée avec des colliers d'iris pour parfumer le linge. Les coins de la toile étaient ramenés sur les cendres et on versait sur le tout une soixantaine de litres d'eau bouillante.

Les sels de potasse contenus dans les cendres se dissolvaient et l'eau de lessive, solution alcaline, était recueillie au bout d'une heure au vide-lessive (trou à la base du cuvier).

Le cuvier était relié par un tuyau d'environ 1,50 m de long à la casse, sorte de poêlon en cuivre à longue queue (en fonte à la fin du XIXème siècle), où l'on chauffait de l'eau. On reversait la lessive sur le charrier à l'aide du coule-lessive, un godet pourvu d'un long manche. On recommençait l'opération pendant des heures.

On laissait macérer toute la nuit. Le linge était dépoté le lendemain avec une pince en bois à longues branches et mis dans des sacs de grosse toile ou des paniers d'osier.

Le jour suivant, il était transporté au lavoir.

Les lavandières convergeaient vers ce lieu avec les effets déposés dans la lessiveuse ou le baquet, transportés dans la brouette ou encore emmenés dans le char de leurs maris.

Le linge était sommairement décrassé à l'eau du lavoir. Les saletés les plus tenaces étaient frottées à la brosse sur une planche à laver striée ; les pièces délicates, les cols et poignets de chemises, étaient lavés à l'eau tiède avec du savon de Marseille.

Les lavandières procédaient alors au savonnage, au dégorgeage et au rinçage. Elles prenaient leur battoir, leur pain de savon, leur brosse de chiendent, sans oublier leur boîte (ou selle à laver) pleine de paille, dans laquelle elles s'agenouillaient. Elles tendaient le linge à bout de bras, le laissaient flotter dans l'eau froide, le frottaient et le pressaient sur la planche avec la brosse. Elles le rinçaient en le tordant et en le frappant avec le battoir pour le débarrasser de l'eau de lessive.

Lorsque le linge était étendu sur des cordes, en plein vent, il était fixé par des pinces à linge qui n'étaient, avant les pinces à ressort, que de simples fourches de bois taillé ; si la corde fléchissait, on la relevait à l'aide de perches en bois fourchues.

Mais comme indiqué précédemment, le lavoir était aussi l'endroit où les femmes échangeaient les dernières nouvelles du quartier et près duquel les jeunes enfants jouaient entre eux, le temps de la lessive. Cet endroit n'était pas seulement un bâtiment où la femme lavait son linge, c'était également un endroit rempli de vie, de bruit et de cancans…

L'utilisation du lavoir a disparu, peu à peu, à la suite de l'installation de l'eau courante, dans tout l'ensemble du village, au XXème siècle.


L'un des principaux objectifs de l'association des Compagnons de Volvredo a été la réhabilitation du lavoir du chemin de Suzet.

Après avoir présenté notre projet à la municipalité, un protocole de partenariat a été instauré entre la commune et notre association.


Nous désirions être fortement impliqués dans ce projet pour deux raisons essentielles :

  • La première, bien évidemment, car cela touche directement au petit patrimoine rural de notre village auquel nous tenons tant.
  • La seconde réside dans le fait que nous ne voulions pas que cette restauration soit trop «moderne ». Nous souhaitions vraiment que la partie charpente soit faite avec des poutres anciennes ainsi que la couverture, histoire de nous rapprocher au plus près de l'ancien lavoir !

C'est ce message que nous avons fait passer aux élus présents et impliqués dans ce projet lors d'une réunion qui s’est tenue à la mairie début décembre 2010.

Il en est ressortit que :

  • Le nettoyage général et la consolidation maçonnerie fut attribués aux Compagnons de Volvredo ainsi qu'à toute personne désirant nous rejoindre.
  • La mise à niveau du sol (apport de remblai et égalisation) fut faite conjointement par les agents techniques de la mairie et les membres de notre association.
  • La charpente fut réalisée par la société Replat de Tullins. Les matériaux (Poutres, longerons, etc.) fut fournis par les Compagnons de Volvredo. En effet, nous avions préalablement récupéré un bon nombre de poutres, suite à la démolition de l'usine de tissage Barféty. De même, une personne de Vourey nous a fait don d'un ensemble de tuiles que nous avions à mettre en place.

Les travaux ont débuté en février 2011 et se sont achevé en mars 2012.

Vous trouverez, ci-dessous, le récit d'une restauration... Pas tout à fait comme les autres !

La restauration

Un état des lieux s'imposait à notre arrivée...

Il faut avouer, une fois sur place, que notre équipe à découvert des travaux très importants à réaliser.

La végétation, et ce depuis de nombreuses années, avait repris ses droits.

Le mur était envahi d'un lierre dévastateur, le bassin lui-même était à moitié caché par de la terre accumulée au fil des ans et le sol est jonché de multiples détritus.

Le petit lavoir du chemin de Suzet était loin de ressembler à la belle aquarelle de Madame Tuaillon que nous avions sous les yeux !

Nous avons commencé par décaisser le sol de 15 cm, le mur de soutènement étant débarrassé du lierre ravageur, les ronces et détritus divers évacués.

L'escalier d'origine réapparut enfin...

Un premier nettoyage du bassin au nettoyeur haute-pression mit à jour les formes et couleurs d'origine.

Nous commencions à retrouver un peu cet ancien lavoir.

Mais bien du travail nous attendait encore :

Réalisation d'un mur de soutainement
Création du toit de l'édifice
Implantation d'un banc
Lasure et protection de la charpente
Installation de la verdure
Mise en eau

Un simple petit édifice rural restauré nous direz-vous...

Mais pour nous, les Compagnons de Volvredo, cette réhabilitation a fait ressurgir un pan de l'histoire quotidienne rurale de notre village.

Souhaitons tout simplement que les générations futures s'appliquent à le préserver ! 

Retrouvez tous les détails de cette restauration en regardant la gallerie ci-dessous.

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